mercredi 11 juin 2014

Interview de David Pirotte ( Marie Vanleeuw et Laura Tansella)

Examen d’art d’expression: Juin 2014.
Interview de David Pirotte.

1.     Comment avez-vous commencez dans l’art ?

Je suis arrivé à Saint-Luc en 3ème humanité,  je ne savais pas encore si j’allais me diriger vers la peinture, l’art, ou la bande dessinée etc. je n’avais pas encore une idée bien précise, tout ce que je savais c’était que je faisais du dessin, j’étais donc dans mon élément.  Quand j’ai décidé de faire de la peinture c’était en 1984, je m’intéressais beaucoup au rock, au punk- rock et beaucoup de pochettes de disques, d’affiches de concerts etc. avaient une facture un peu néo-expressionniste comme ça, c’était très graphique je trouvais ça vraiment bien et je me suis que tiens ce serai peut être bien d’aller dans cette voie. Je me suis tout de suite dirigé là dedans quand j’ai commencé la peinture, j’allais voir des expos, j’empruntait pas mal de bouquins à Saint-Luc donc là j’ai commencé vraiment à puiser toute mon inspiration à travers les expressionnistes des années du début de siècle en Allemagne etc. ceux qui ont du foutre le camp quand les nazis sont arrivés au pouvoir, vu qu’ils critiquaient fort le système politique. Donc je suis toute suite allée dans cette veine là, et puis vers mes 21 ans j’ai fais ma première exposition. J’étais fort ami avec deux artistes, on peignait un peu tout les trois dans la même veine, donc on avait fais notre première expo à coté du pot-au-lait, ils avaient ouvert une petite galerie là-bas, c’était vraiment petit on avait seulement quelques toiles chacun. Un an c’est écoulé, à partir de ce moment la j’ai commencé à beaucoup travaillé en dehors de l’école, je peignait pas mal et encore un an ou deux après j’ai refais une exposition avec un copain. On récupérait du matériel que Saint-Luc jetait, des surplus qu’ils mettaient sur la rue et nous on récupérait tout ça, on achetait des pots de couleurs industrielles et là, on a découvert les grands formats, les tableaux de deux mètres sur deux, là on s’est éclaté. On n’avait pas envie d’attendre d’arriver en peinture pour travailler sur grand format etc.

Notre première grande expo c’était au « creham », et là je suis allé trouvé le « creham » car il voulait ouvrir un espace pour les jeunes artistes et donc on exposait tout les deux, avec mon ami là-bas. On a quand même passé pas mal d’années à peindre ensemble, à exposer en simultané et puis il a fait sa vie et moi la mienne.

Donc moi après je me suis dis, bon qu’est ce que je fais, je continue à Saint-Luc ou je vais à l’Académie, car à l’Académie ils sont quand même beaucoup plus expressionnistes qu’à Saint-Luc, où ils sont plus « léchés » , plus retenus.

Une amie d’Anvers me parle d’un peintre pas mal qui devrait me plaire : Fred Bervoets. Nous allons alors au musé et elle me le montre, et là ça a été un flash terrible, c’était très expressionniste mais on sentait qu’il y avait énormément de technique derrière, que moi je n’avais pas encore à l’époque, ce que je faisais était très sauvage. C’est pour cela que j’ai continué la peinture à Saint-Luc pour apprendre une vraie technique et avoir des bases solides dont j’avais besoin pour faire ce genre de peinture.

J’ai donc continué mes trois ans de peinture à Saint-Luc. J’ai alors fais ma première grosse exposition à Maastricht, c’était la première fois que j’exposais dans une galerie d’art professionnelle et puis alors j’ai été exposé au Etats-Unis, à New-York où j’y ai laissé une dizaine de toiles pour un contrats d’un an. Après ça j’ai continué à beaucoup exposer à Liège mais aussi fin des années 90 en Allemagne, à Bruxelles, en France et à Anvers plusieurs fois
dans le cadre d’expo collective etc. Et là maintenant depuis quelques années j’en reviens à une peintre plus figurative, moins expressionniste, car à un moment donné je me suis retrouvé dans un cas du sac, c’est à dire que j’improvisais, je travaillais beaucoup avec l’imagination et puis alors tu te rend compte que tu travaille à chaque fois avec la même image, tu calle un peu quoi.

Il y a vraiment deux peintres qui m’ont quand même « influencé » je vais dire c’est Luc Tuymans et Michaël Borremans qui travaillent vraiment un peintre très figurative, mais pas figurative dans le sens classique du terme mais avec des thèmes contemporains.  Alors moi j’ai repensé ma peinture vers vraiment quelque chose de figuratif, remodeler au niveau technique et ça m’a laissé entrevoir de nouveaux horizons et à ce moment là j’ai vraiment commencé à extérioriser ce que j’avais en moi. Donc j’ai vraiment évolué ces trois-quatre dernières années. Je me suis obligé à aborder des choses que je n’aurai jamais envisagées en temps normal, comme des paysages, mais pas de paysages « cul-cul », des usines etc. Je vais me prouver que je suis capable de tout aborder, tous les thèmes. J’ai également travaillé avec des films, étant donné que j’adore le cinéma, dès que je vois un plan intéressant et significatif, je prends une photo et j’en fais une peinture. Donc mon travail est toujours lié soit à ce que je vois, ce que je lis aussi comme je lis aussi beaucoup ou alors au quotidien des choses passées ou des sujets actuels. J’arrive vraiment à tout dire maintenant. Donc voilà où j’en suis aujourd’hui, je travaille avec une galerie de Bruxelles depuis à peu près un an, il y a aussi mon livres qui est sortis cette année qui reprend vraiment toute ma vie et mon travail depuis 27 ans, il y en avait déjà un précédent qui est sorti il y a plus ou moins 7 ans. 

2.    Y’a-t-il un message particulier que vous voulez faire passer à travers vos œuvres ?

Il y a toujours un message, je ne peux peindre que quelque chose qui m’ai interpellé au départ, c’est vrai que c’est un peu thérapeutique par moment. Il y a des choses qui m’obsèdent tellement, en fait je suis toujours obsédé ou passionné par une chose ou l’autre de toute façon. Il a des thèmes que je choisis car moi ils m’ont interloqué au départ. Quand je suis obsédé par une image, un document ou un fait divers je le peins, j’en fais une toile. Et toute la magie vient de là, c’est quand le thème est vécu de l’intérieur, il n’y a que comme ça que tu peux lui donner une certaine dimension, une certaine puissance. Il y a même des choses qui m’ont empêché de dormir. Une fois que je les ai peins, ça va je m’acquitte de la chose, ça ne m’appartient plus à la limite.  Je me suis rendu compte aussi qu’il y a des choses qui apparaissent plus clairement avec l’âge évidemment, la pratique aussi. Maintenant j’assume pleinement qui je suis, mon coté atypique etc. moi je ne triche pas c’est des choses liées de près à ma vie. Ca peut très bien être des évènements heureux comme malheureux, ma vie n’a pas été ponctuée que de moments extatiques, j’ai vécu des choses extrêmement fortes, pendant tout un tout j’ai vécu à travers des drogues etc. donc voilà j’ai eu des moments comme ça, ce sont des événements que je ne peux pas renier donc oui ça a inspirer mon travail. Par exemple je venais de me réveiller d’une overdose à l’hôpital j’ai peins ka première chose que j’ai vue en me réveillant, j’ai peins mon réveil. Ca peut aussi être ma copine, mon fils, mes amis, des gens que je connais de près ou non. Quand j’ai une idée pour un tableau, par exemple ici j’ai fais un tableau qui représente le mythe d’oedipe là ce n’étais pas un document, j’avais plus ou moins l’idée en tête et j’ai fais poser mon fils, je crée une mise en scène quand j’ai besoin d’une position pour un tableau, ou je me prend en photo quand j’ai besoin d’une attitude ou autre. 

Ici par exemple, j’ai commencé un projet qui est de reprendre des grandes statues dans les parcs public etc. mais de choses que l’on ne verrait jamais par exemple je vais faire Andreas Baader, cinq mètres sur quatre d’un terroriste dans un parc publique, jamais on ne penserai à ça ou encore Charles Manson avec une fontaine à coté. Vraiment des statues de gens que l’on ne verrait jamais ! Antonin Artaud, poète fou, génial qui pose problème quoi. Et situer ces statues par exemple à Paris, à coté de la tour Eiffeil. Je m’intéresse vraiment à ce qui est atypique,  moi je pense que la plus grande magie vient de ce qui dépasse le politiquement correcte. Si c’est pour faire des choses ordinaires ça ne sert à rien, et même un thème qui parait anodin il faut qu’il ai un coté étrange, magique ou inquiétant, il faut se servir de ce qu’on a de plus atypique en sois. Si il n’y a plus de mystère dans l’art pour moi c’est fini il n’y a plus d’art.

La richesse pour moi de l’art contemporain c’est que ça va dans tout les sens, il a de la photo, des installations à tous les niveaux. Il y aussi bien des gens comme Jeff Koons qui fait des lapins géants gonflables ou encore des gens comme Michael Borremans qui peignent avec la technique des anciens ou des gens comme David Nebreda qui se mettent en scène. Donc ça va dans tout les sens et c’est plutôt rassurant c’est-à-dire qu’il n’y a pas qu’un courant comme à l’époque, il y vraiment une évolution, il y a une place pour tout les styles. A partir du moment où le travail est de qualité je ne vois pas ou est le problème.

3.    J’ai pu remarqué en regardant votre travail, que toutes vos peintures avaient un peu le même style avec des thèmes différents. Vous avez tendance à faire de long tracé de couleurs comme ça par dessus vos peintures, d’où est-ce que ça vient ?


Ah oui, ça il y a des lignes comme ça car j’aime vraiment mélanger le coté statique et le coté en mouvement, j’ai remarqué que quand on regarde la vie, la nature il y a toujours un contraste avec des formes statiques et des formes en mouvement, il y a toujours une architecture abstraire. C’est ça que j’ai voulu crée c’est à dire un monde en mouvement suivi d’un monde statique, en fait c’est des éléments qui existent dans la réalité. J’ai un œil bien aiguisé c’est à dire que je choisis toujours un plan que je peux reconvertir en peinture à ma manière, qui m’attire avec sa géométrie sa composition etc. Ca fait maintenant un an ou deux que je peins comme ça, je commence par un fond abstrait, je définis mon fond, je le découpe  et puis je fais intervenir des éléments figuratifs et je reviens par dessus aussi. Je me suis dis allez, osons des trucs que les autres n’osent pas faire, c’est ça qu’il faut faire aussi ! Par exemple j’avais fais une série de portrait de moi qui sortait de la cage il a des années et je transpirait énormément et il y en a que j’ai barré comme ça, un peu pour anéantir une chose que tu ne veux plus vivre, c’était ça l’idée.

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