mercredi 19 juin 2013

Valérie Sonnier, un combat contre l'éphémère - Sarah



Valérie Sonnier est née en 1967, elle vit et travaille actuellement à Paris. Elle est diplômée des Beaux-arts à Paris et y est d'ailleurs professeur de dessin. Elle a participé à de nombreuses expositions collectives, et expose actuellement à la Galerie Nadja Vilenne (Belgique).

Depuis une vingtaine d'années, passionnée par le milieu du cinéma, elle réalise des films sur un seul endroit, qui lui tient à cœur : la maison de ses grands-parents, qui est désormais inhabitée. Elle travaille énormément sur tout ce qui touche aux souvenirs, aux temps révolus. Elle filme tout en format 8 mm, celui des films de famille, dont le grain est plus ancien et donne au film un côté obsolète.

Dans son film "Des pas sous la neige" (2011), on découvre cette maison laissée à l'abandon, marquée par les traces du temps et dont le jardin a repris ses droits depuis longtemps. Lors du tournage, elle laisse les fenêtres ouvertes pour "appeler un fantôme". On le voit d'ailleurs apparaître à plusieurs reprises dans le film. Cependant, il a l'image d'un fantôme assez enfantin, car il est recouvert d'un drap blanc. Par ce procédé, elle renoue avec les chasses aux fantômes de l'enfance et s'inspire également d'un très grand photographe, Jaques-Henri Lartigue, dont la célèbre photographie, intitulée "Mon frère Zissou en fantôme", représente également un fantôme recouvert d'un simple drap. Elle reproduit ainsi ce qui est à la fois lointain, le souvenir de ses parents et grands-parents, et à la fois ce qui est proche, c'est-a-dire les traces de la maison familiale, et l'apparition du fantôme, qui incarne l'esprit de la maison elle-même.

Au-delà des films, Valérie Sonnier utilise également le dessin et la peinture pour renouer avec ses propres souvenirs. Elle peint la maison, et principalement les rosiers du jardin, dont elle fera une douzaine de toiles à grand format. Cependant, il y a des parties blanches sur les peintures, qui évoquent le souvenir qui s'en va. L'artiste se bat contre cette perte de mémoire et est très méticuleuse dans son travail afin de saisir l'éphémère et de le conserver. Les toiles sont numérotées et datées, mais seul l’ensemble porte un titre : «Vous pouviez tout prendre chez moi, sauf mes roses».

En conclusion, les œuvres de Valérie Sonnier abordent les notions de souvenirs, d'éphémère, d'apparitions fantomatiques, de présence, mais aussi d'absence. Un amalgame établit en toute simplicité et subtilité, qui nous transporte vers nos propres souvenirs...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire