mercredi 26 février 2014

Personnalité : échange standard (critique Vijay&I)


Personnalité : échange standard. 


Par Pauline Gillard


Qui voudrait que son propre anniversaire soit oublié de tous ? Qui voudrait que ses proches ne se souviennent  pas de cette date ? Quels sentiments naitraient en nous après cet oubli, volontaire ou non ? Quelle réaction aurions-nous eu ?
Le film Vijay & I de Sam Garbarski commence sur ce ton. Will, un homme de quarante ans se lève le jour de son anniversaire et découvre que tout le monde, de sa femme en passant par son meilleur ami, jusqu’à ses collègues, semblent avoir complètement passé cet évènement à la trappe. C’est pourtant ses quarante ans, comment tous ses proches pourraient oublier une date aussi importante ? Will passe une très mauvaise journée et guète la moindre personne qui serait susceptible de lui souhaiter un bon anniversaire. Mais personne ne se manifeste. Il quitte alors, fou de rage, le plateau de tournage sur lequel il était en train de répéter une énième fois son dialogue. Il grimpe alors dans sa voiture et décide de rouler loin. Malheureusement il ne voit pas tous ses proches et ses amis sortir en courant de son bureau sur le plateau pour essayer de le rattraper, car ceux-ci lui avaient en réalité préparé une fête surprise rassemblant tous ceux qu’il aimait.  Will s’arrête alors  à une station-service pour faire le plein et là, il se fait voler sa voiture, histoire de terminer la journée en beauté…
Dépourvu de tout et ne voulant pas rentrer chez lui, il se réfugie chez son meilleur ami Rad, un restaurateur indien, chez qui il passe la nuit. Le lendemain matin Rad vient le réveiller, allume la télévision et là, au journal, Will entend un flash info : la voiture qu’on lui a volée est impliquée dans un accident dans lequel tout le monde croit qu’il a succombé.  C’est alors qu’il va prendre la décision qui va changer sa vie. Avec la complicité de Rad, Will va devenir le séduisant Sikh Vijay Singh et va assister à ses propres obsèques pour savoir ce que tout le monde pense vraiment de lui. Sous l’apparence de Vijay, Il refait connaissance avec sa femme Julia, qui a un coup de cœur pour lui et décide de lui faire la cour.  Will va alors  apprendre de désagréables vérités sur lui-même et voir que tout le monde préfère Vijay à son ancienne personne. Il va donc faire face à un dilemme: ne préfère-t-il pas  Vijay à lui-même également ? Will n’est-il réellement pas mort tout compte fait ?

Ce film de Sam Garbarski mettant en scène Moritz Bleibtreu (Will Wilder), Patricia Arquette (Julia Wilder), Danny Pudi (Rad), Michael Imperioli (Micky) et la jeune Catherine Missal (Lily Wilder) est assurément une comédie grand public qui a pour but de divertir et de faire passer un bon moment. Le spectateur, qui est émotionnellement impliqué durant le film, que ce soit à travers les coups de cœurs, les coups de gueule ou la tristesse des personnages, se laisse principalement transporter par l’humour omniprésent. En effet, dès qu’une scène devient un peu trop tragique ou dramatique le scénariste  ramène le spectateur à son état de gaieté en introduisant des scènes absurdes ou comiques qui font apparaître des sourires sur tous les visages.  L’atmosphère est légère durant tout le film et le spectateur n’en ressort pas émotionnellement  bouleversé.
Vijay & I traite aussi de différents sujets de société : comment une famille vit le deuil, comment se passe un enterrement, le respect dont jouit le défunt, le mensonge, la sexualité et les normes à respecter en matière de flirt après le décès d’un conjoint. Ce film traite aussi d’une manière sous-jacente le thème de la schizophrénie. Cette maladie, vue dans ce cas-ci comme une solution pour vivre une « nouvelle vie », est rendue plus légère et moins grave par l’humour du film. En effet, le spectateur rit de ce qui arrive à Will et trouve que Vijay  le Sikh est plus intéressant que cet homme insipide de quarante ans. Le public se pose également quelques questions à la fin du film : « Si j’avais une autre vie, qui aimerais-je être ? Comment est-ce que je vivrais si j’étais une autre personne ? ». Le spectateur s’imagine à la place de Will/Vijay et trouve ça « drôle » de pouvoir changer de vie. L’humour joue donc un rôle de banalisation et de confort qui amenuit grandement la réflexion.
Comme le montre Vijay & I grâce aux serveurs du restaurant de Rad, qui « jouent à faire l’indien », l’univers asiatique et exotique attire beaucoup le monde occidental. L’exotisme fait vendre et consommer, les gens achètent car ils aiment bien. C’est un fait que tout le monde peut remarquer. Ce film montre au public de manière ironique cette tendance et ce goût de notre société pour le monde indou et de l’exotisme falsifié à travers une parodie de celui-ci.

Pour conclure, je dirai que Vijay & I de Sam Garbarski est une comédie grand public qui aborde des sujets assez graves de la société actuelle avec légèreté, comme la schizophrénie, qui comble chacun par son humour et qui fait passer un bon moment décalé au spectateur mais rien de plus, vraiment. 

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