Personnalité : échange standard.
Par Pauline Gillard
Qui voudrait
que son propre anniversaire soit oublié de tous ? Qui voudrait que ses
proches ne se souviennent pas de cette
date ? Quels sentiments naitraient en nous après cet oubli, volontaire ou
non ? Quelle réaction aurions-nous eu ?
Le film Vijay & I de Sam Garbarski commence
sur ce ton. Will, un homme de quarante ans se lève le jour de son anniversaire
et découvre que tout le monde, de sa femme en passant par son meilleur ami,
jusqu’à ses collègues, semblent avoir complètement passé cet évènement à la
trappe. C’est pourtant ses quarante ans, comment tous ses proches pourraient
oublier une date aussi importante ? Will passe une très mauvaise journée
et guète la moindre personne qui serait susceptible de lui souhaiter un bon
anniversaire. Mais personne ne se manifeste. Il quitte alors, fou de rage, le
plateau de tournage sur lequel il était en train de répéter une énième fois son
dialogue. Il grimpe alors dans sa voiture et décide de rouler loin.
Malheureusement il ne voit pas tous ses proches et ses amis sortir en courant de
son bureau sur le plateau pour essayer de le rattraper, car ceux-ci lui avaient
en réalité préparé une fête surprise rassemblant tous ceux qu’il aimait. Will s’arrête alors à une station-service pour faire le plein et
là, il se fait voler sa voiture, histoire de terminer la journée en beauté…
Dépourvu de
tout et ne voulant pas rentrer chez lui, il se réfugie chez son meilleur ami
Rad, un restaurateur indien, chez qui il passe la nuit. Le lendemain matin Rad
vient le réveiller, allume la télévision et là, au journal, Will entend un
flash info : la voiture qu’on lui a volée est impliquée dans un accident
dans lequel tout le monde croit qu’il a succombé. C’est alors qu’il va prendre la décision qui
va changer sa vie. Avec la complicité de Rad, Will va devenir le séduisant Sikh
Vijay Singh et va assister à ses propres obsèques pour savoir ce que tout le
monde pense vraiment de lui. Sous l’apparence de Vijay, Il refait connaissance
avec sa femme Julia, qui a un coup de cœur pour lui et décide de lui faire la
cour. Will va alors apprendre de désagréables vérités sur lui-même
et voir que tout le monde préfère Vijay à son ancienne personne. Il va donc faire
face à un dilemme: ne préfère-t-il pas
Vijay à lui-même également ? Will n’est-il réellement pas mort tout
compte fait ?
Ce film de Sam Garbarski mettant en scène Moritz Bleibtreu (Will
Wilder), Patricia Arquette (Julia Wilder), Danny Pudi (Rad), Michael Imperioli
(Micky) et la jeune Catherine Missal (Lily Wilder) est assurément une comédie
grand public qui a pour but de divertir et de faire passer un bon moment. Le
spectateur, qui est émotionnellement impliqué durant le film, que ce soit à
travers les coups de cœurs, les coups de gueule ou la tristesse des
personnages, se laisse principalement transporter par l’humour omniprésent. En
effet, dès qu’une scène devient un peu trop tragique ou dramatique le scénariste ramène le spectateur à son état de gaieté en
introduisant des scènes absurdes ou comiques qui font apparaître des sourires
sur tous les visages. L’atmosphère est
légère durant tout le film et le spectateur n’en ressort pas émotionnellement bouleversé.
Vijay &
I traite aussi de différents sujets de société : comment une famille
vit le deuil, comment se passe un enterrement, le respect dont jouit le défunt,
le mensonge, la sexualité et les normes à respecter en matière de flirt après
le décès d’un conjoint. Ce film traite aussi d’une manière sous-jacente le
thème de la schizophrénie. Cette maladie, vue dans ce cas-ci comme une solution
pour vivre une « nouvelle vie », est rendue plus légère et moins
grave par l’humour du film. En effet, le spectateur rit de ce qui arrive à Will
et trouve que Vijay le Sikh est plus
intéressant que cet homme insipide de quarante ans. Le public se pose également
quelques questions à la fin du film : « Si j’avais une autre vie, qui
aimerais-je être ? Comment est-ce que je vivrais si j’étais une autre
personne ? ». Le spectateur s’imagine à la place de Will/Vijay et
trouve ça « drôle » de pouvoir changer de vie. L’humour joue donc un
rôle de banalisation et de confort qui amenuit grandement la réflexion.
Comme le montre Vijay &
I grâce aux serveurs du restaurant de Rad, qui « jouent à faire
l’indien », l’univers asiatique et exotique attire beaucoup le monde
occidental. L’exotisme fait vendre et consommer, les gens achètent car ils
aiment bien. C’est un fait que tout le monde peut remarquer. Ce film montre au
public de manière ironique cette tendance et ce goût de notre société pour le
monde indou et de l’exotisme falsifié à travers une parodie de celui-ci.
Pour conclure, je dirai que Vijay & I de Sam Garbarski est une comédie grand public qui
aborde des sujets assez graves de la société actuelle avec légèreté, comme la
schizophrénie, qui comble chacun par son humour et qui fait passer un bon
moment décalé au spectateur mais rien de plus, vraiment.
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