Selçuk Mutlu
par Charline Firket
· Sa vie, son parcours artistique
Selçuk, d’origine turque, est né le 8 octobre 1975 à Rocourt.
Licencié en arts plastics, visuels à l’Académie des Beaux-arts de Liège, juin 2003.
En effet, S.M. a commencé à 21ans aux Beaux-arts par la peinture. Il était très actif à l’école bien qu’il n’était pas assez instruit sur l’histoire de l’art. Il a décidé de se révolter contre l’école mais, à cause de ses lacunes, il n’avait pas assez d’armes pour y parvenir.
L’artiste a décidé de se former, de se procurer ces armes. Il est donc allé à de nombreuses expositions. Désormais, il était capable de défendre ses idées.
Selçuk Mutlu a ensuite organisé ses propres expos et demandait aux gens qu’il appréciait, aux élèves,... de participer avec lui. De fait, il voulait réunir les gens. Il voulait briser la hiérarchie. Et il le voudrait encore...
Encore aujourd’hui, Selçuk désire être vivant, il veut mêler sa vie et son travail. Selon lui, il ne doit pas y avoir de rupture entre les deux.
S.M. a ensuite participé à de nombreuses lectures de poésies. C’est à partir de ce moment qu’il a découvert son penchant pour les performances.
Il a fait des lectures publiques en Roumanie, en France, à Lisbonne,...
Il a été influencé par E. Savitzkaya, J. Izoard par l’écriture. Et par Lizènne grâce à leur amitié profonde, l’ivresse alcoolique.
Aujourd’hui il est plasticien et poète.
· Une réalité contradictoire
S.M. est en contradiction avec le financement de l’art. Son travail est, volontairement, très difficile à vendre. Il décide de faire des œuvres invendables. Pourtant il éprouve le désir de vivre mieux, de pouvoir gagner de l’argent grâce à son travail. Cela arrive rarement. Toutefois, il résiste à cette tentation car il ne trouve pas ce concept « sain ». Tout ceci est contradictoire, il nous l’accorde.
Il est actuellement dans un moment de très grand DOUTE... (c’est lui-même qui a écrit cette phrase).
· Ses thèmes
Le thème principal, c’est lui et ses multiplies reflets. Il parle de lui, de son histoire. Et il ne le cache pas. Selon lui, il faut se rendre compte qu’on est égoïste et continuer à vivre.
En parlant de lui, il parle du monde, de l’humanité.
Il pense que l’art est fait pour se dépasser sois-même. Il faut chercher. La recherche est plus importante que le travail fini et non pas dépasser les autres, ce qui est pourtant demandé aujourd’hui.
Si Selçuk Mutlu a commencé les performances c’est parce que c’est une manière plus saine, pour lui, de faire de l’art aujourd’hui. Il est vrai qu’une performance ne se vend pas, elle est gratuite. Il n’y a donc pas de désire de faire de l’art en échange d’argent.
S.M. aime le côté dérangeant de la performance. Nous y sommes confrontés fortement et souvent violemment.
Il aime aussi le fait que l’on puisse être mauvais, se tromper et recommencer.
· Performance analysée : « Archéologie d’une action »
La performance se déroule lors d’une soirée à la caserne Fonck lors du festival de théâtre. L’organisateur de cette soirée, Michel Antaki, a demandé à des galeries de proposer un artiste avec qui travailler dans une « boite » de 2m sur 3m.
Selçuk, lui, a décidé de faire une performance à l’intérieure de l’espace.
Il s’y est donc installé avec deux bidons de 20 litres de sang de cochon chacun, un petit cochon (effrayé) et un caméraman qui filmait l’action. Des écrans plasma étaient accroché de part et d’autre de la « boite » de sorte à ce que les gens puissent voir la performance en direct, en temps réel.
Selçuk, avec l’aide de deux assistants, avait recouvert les parois de l’espace avec des toiles à peindre. Ensuite il a peint ces toiles avec le contenu de son seau, le sang de cochon.
Le sang de cochon est une injure à son pays, la Turquie. On sait que les turcs sont pratiquement tous musulmans et qu’ils ne peuvent pas manger de porc. Selçuk provoque son pays mais surtout les gens présents.
Mais le sang représente aussi la violence du monde que Selçuk vit, lui-même représenté par l’animal.
Comme pour chacune de ses performances, l’artiste était habillé en costard noir, chemise blanche. Rien de plus classique.
Il joue, met en scène un homme dont on ne soupçonnerai pas ce qu’il pourrait faire.
Lorsque les gens ont vu cette scène, avec le pauvre petit cochon enfermé dans la boite, ils ont manifesté. Bien sur, Selçuk attendait cette réaction. Les gens voulaient que le cochon soit libéré! Quelle hypocrisie lorsqu’on y réfléchit! Après tout, nous mangeons plusieurs fois par semaine des animaux qui sont passés par la souffrance avant de finir dans nos assiettes.
Selçuk pense que les gens devraient accepter qu’ils participent à la violence du monde.
A la fin, S.M. voulait manger le cochon mais il l’a ramené à la ferme, sain et sauve.
La vidéo a été tournée à l’envers car il voulait en faire un œuvre artistique à part entière.
En dernière minute il a voulu que toutes les images reviennent à un état de pureté.
Il voulait réparer ce qui avait été fait, reconstruire ce qui avait été déjà construit. Tout est à refaire. Il pense que cela se révèle du domaine de l’absurde.
· Conclusion
Je peux confirmer que Selçuk Mutlu fait partie du monde de l’art contemporain.
Pourquoi ? Car, premièrement, il réalise souvent des performances. Et les performances sont de l’art contemporain vu qu’elles remplissent les critères (exemple : liberté des moyens mis en œuvre).
Ensuite, Selçuk cherche à provoquer une réaction chez les gens, les « spectateurs » grâce à ses actions (= performances). En effet, il pousse à la réflexion. Ses œuvres ne sont donc pas là juste pour décorer, bien au contraire.
Pour finir, il aimerait briser la hiérarchie. Il voudrait que la vie ne soit qu’un. Qu’on mange, qu’on fasse de l’art, qu’on fasse la fête, qu’on fasse notre travail,... Tout ça en même temps.
Le tout en UN.
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