lundi 24 mai 2010

Saïmiris privés de liberté


Catherine Goffart, 6A


Je me baladais dans le Muhka, un musée d’art contemporain anversois, lorsque je tombai nez-à-nez avec une immense cage verte un peu spéciale. Cette soudaine étrangeté me perturba et m’incita donc à me renseigner à propos de cette œuvre appelée « Cage for Saïmiri Boliensis » de Meuris Wesley, un artiste flamand. Cette œuvre représente la cage de petits animaux dans un zoo. Cet artiste a exposé à maintes reprises des cages vides en imaginant quelle sorte d’animaux pourrait bien s’y retrouver dedans. Cette fois-ci, ce sont des saïmiris de Bolivie, autrement dit des petits singes vivant en Amérique du Sud.
Tout d’abord, l’espace et le temps ne sont pas laissés au hasard. Meuris Wesley voulait faire prendre conscience à l’observateur qu’une cage sert à montrer un animal, mais pour ce dernier, « la bête de cirque » est l’observateur. Cela signifie donc que chacun est vu par l’autre avec, comme seule barrière, des barreaux métalliques.

La lumière dans la cage est très vive, permettant ainsi une très bonne visibilité des éléments intérieurs.

En me renseignant un peu sur le sujet, j’ai compris que l’artiste voulait engendrer une cassure du point de vue de l’espace-temps.
Il ne le respecte pas. Entre la Belgique et la Bolivie, il y a un décalage horaire d’environ sept heures. A l’heure où nous visitions l’exposition, il devait environ être quatre heures du matin, soit la nuit là-bas. Les saïmiris sont donc censés dormir et nous, ne pas les voir. C’est donc pour cette raison que deux spots les éclairent durant leur profond sommeil car ce sont des animaux diurnes.


Ensuite, une pancarte donnant des informations sur la race des saïmiris boliviens est affichée non loin de l’œuvre.
Ces indications augmentent donc l’imagination ainsi que la crédibilité. L’observateur essaye de se représenter dans sa tête la cage remplie de ces petits singes. Sur la petite pancarte, Meuris Wesley nous donne la taille, le mode de vie, la nourriture, l’habitat, la température, etc. Nous sommes donc confrontés à une vraie réalité. Un détail perturbant est que la cage est très propre : il n’y a aucun excrément, ni trace de nourriture à l’intérieur.

Enfin, la symbolique de la couleur et de l’architecture de l’œuvre est celle de la captivité. En effet, nous avons vu dans notre cours d’arts d’expression que la couleur verte symbolisait la liberté. Ici, la liberté est enfermée entre des barreaux en fer –symbole de la dureté- . Wesley joue donc avec le principe d’opposition.
L’intérieur de la cage est très esthétique et minimaliste. Il y a donc une allusion avec l’architecture moderniste et rationaliste : les formes sont très simplistes afin de n’avoir que le strict minimum. En me documentant, j’ai trouvé que c’était de « l’architecture de divertissement » car les animaux enfermés dans cette cage ainsi que le milieu où ils sont « exposés » doivent divertir le spectateur. C’est pour cette raison qu’il est venu au zoo. En réalité, les saïmiris ont été enfermés dans le but d’être protégé car nous les aimons.

En conclusion, « Cage for Saïmiris boliensis » de Meuris Wesley a pour but de nous montrer le côté positif et négatif de l’enfermement des Saïmiris de Bolivie dans des cages de zoo. Par son œuvre, il va essayer de faire passer un message et de transformer l’observateur. Pour lui, le spectateur est un acteur de l’œuvre dans le sens où il est aussi regardé par ces petits singes sud américains.
Il défend donc sa propre thèse en insistant sur le fait que même dans un musée, l’espace-temps de l’œuvre ne correspond pas toujours à celui du spectateur.

Mais qui sait, peut-être se cachaient des dizaines de petits Saïmiris privés de liberté ?

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