Qu’est-ce qui vous a poussé à créer
au début ? A aller vers cette méthode ?
C’est une bonne question (rire) le déclencheur c’est surement que (de
manière général) je suis attiré par tout ce qui est nuancé car je pense que l’on
vis dans un monde où on a de plus en plus tendance à présenter les choses comme
soit complètement noires soit complètement blanches. Et moi ce sont toutes les
nuances de gris qui m’intéressent. Tout ce qu’il peut y avoir entre les 2 et
donc il y avait une volonté d’essayer de trouver un moyen d’investir cette zone
floue qu’il y a entre les certitudes des extrêmes
Est-ce-que c’est vraiment une passion
pour vous ?
Non ! C’est une nécessité pas une passion.
Une nécessité c’est à dire ?
J’ai éprouve le besoin de continuer à travailler mais je fais plein
d’autres choses a côté. Ce travail je le fais posément, je le construis dans le
temps et donc pas quelque chose que je fais avec passion. J’ai beaucoup de
recul par rapport à ce que je fais et j’ai une conscience de l’importance
relative que peut avoir l’art dans la société. J’ai été passionné quand j’étais
plus jeune par exemple car je pensais que l’art pouvait changer le monde. Maintenant
j’essaye de changer les choses à côté en faisant d’autres choses mais j’essaye
de construire modestement un travail qui peut toucher individuellement certaines
personnes qui sont confronter au travail. Si j’arrive à toucher de temps en
temps des gens c’est déjà très bien.
Quelle est la place de l’art dans
notre société actuelle ?
Cette une place est de moins en moins importante, en partie à cause de
l’évolution de l’art. L’art court derrière la société, il y a de plus en plus
de pratiques artistiques qui sont proches de la société du divertissement avec
des œuvres qui se veulent spectaculaires qui cherchent l’effet facile, le chaos
au premier round. Ce sont des œuvres qui sont vite vues, vite comprises mais
vite oubliées et qui ont donc des effets d’immédiateté.
A quoi inspirez-vous concernant votre
avenir en tant qu’artiste ?
J’aimerais bien pouvoir continuer à travailler déjà ce serait bien
travailler à mon rythme, pouvoir montrer des choses quand j’ai des choses à
montrer et jusqu’à pressent (je croise les doigts) je pense que c’est toujours
le cas. je n’ai pas de plan de carrière je cherche simplement à faire évoluer
mon travail au rythme auquel il doit évoluer sans le trahir.
Quelle est votre technique préférée,
votre media préféré ?
Aucun ou plutôt le mien, cette espèce de media que je me suis fabriqué
et qui est entre la photo et la peinture et qui se nourri de plein d’autres
choses.
Pouvez-vous nous expliquer l’ ’histoire’
d’une œuvre de votre création ?
Non c’est quelque chose que je ne fais jamais parce que sinon j'oblitère
justement (comme je le disais tout à l’heure) la possibilité que chacun puisse
avoir d’aller vers son interprétation personnelle. Même si avec vous je suis
très bavard, dans mon travail artistique le mour est complètement exclu, il n’y
a pas de titre et je n’explique jamais individuellement un travail même si je
parle volontier du cadre général.
Est-ce que l’art est votre principale
source de revenu ?
Non, je fais 3 choses différentes j’ai mon travail artistique qui est
pour moi la chose la plus importante je
suis aussi un bourgmestre adjoint de la ville de Charlerois (je travaille
dans l’équipe qui dessine l’avenir de la ville au niveau urbanistique et
architecturale), et finalement je suis le co-fondateur d’un site internet dédié
au design. J’ai des journées bien remplies.
Est-ce que vous considérez que cet en
créant que vous partagez votre vision de la société ?
Non, en tout cas ce n’est pas mon intention. Note que peut être
indirectement je le fait, ce n’est en tout cas pas dans mes intentions je pense.
Quand je travaille au niveau architectural ou urbanisme par contre là c’est un
travail qui est directement dédié à une amélioration pour la société. Ce qui me
permet de le faire dans mon travail parce que je pense qu’un travail qui aurait
la volonté d’être politique par exemple, de devoir faire passer des messages,
de devoir faire changer les choses serait forcement démonstratif. Mon travail
serait donc l’application d’un discours idéologique et ce genre de choses ne
donne jamais de bons résultats.
Préférez-vous qu’on parle de vos
œuvres en tant que création ou photographie ?
Entre les
deux je préfère création, moi je parle d’image. Ce ne sont pas des photographies
au sens strict du terme. Entre la photographie et la peinture.
Vous ne vous considérez pas comme un
photographe?
Non pas du
tout mais pas par prétention. Je suis incapable de prendre une photo de mes
enfants (rire). Ce n’est pas la même pratique, le résultat est un tirage
photographie mais un photographe saisi un instant présent, dans un cadre
présent. Je prends le temps de choisir, chercher mes images. C’est donc une
pratique différente.
Est-ce que vous êtes présents à chaque
étape de la réalisation de votre œuvre?
Non, les
pratiques techniques ne m’intéressent pas. Je travaille avec des gens depuis
longtemps en qui je sais que je peux faire confiance. Je m’occupe juste de la
partie conception.
Est-ce qu’on peut dire que vous
collectionnez toutes sortes de choses?
Ça fait 25
ans que je collectionne toutes sortes d’images dans le désordre volontairement.
Je mixe le ressenti avec des images passées. Ça permet de faire des
rapprochements non prémédités.
Est-ce que vous considérez votre travail
comme atypique?
Chaque
artiste a un travail différent. Je ne suis pas le seul à faire de la
manipulation d’image. La modernité est derrière nous, on peut refaire des
choses déjà faites. C’est ce que je fais.
Y-a-t-il un artiste que vous appréciez
tout particulièrement? Un artiste auquel vous vous identifiez ?
On se nourrit
tous du travail de chacun, donc j’ai déjà été intéressé par le travail d’autres
artistes. Souvent intéressé par la bd, la littérature (James Joyce, Laurent
Sterne,…) que par des photographes. Je ne suis pas dans un travail de référence
directe.
Est-il correcte de dire que vous avez
été actif à partir de 1989?
J’ai fais des
études artistiques à 15 ans mais j’estime que mon travail a commecé en 1989.
Quel a été votre parcours?
J’ai fais des
études artistiques à Saint Luc, à Tournai. Ensuite j’ai fais des études de
peinture puis il m’a fallu 3-4 ans pour ‘désapprendre’ ce qui m’a été enseigné
et à ce moment-là j’ai commencé à travailler. J’ai voulu faire selon mes propres
préférences et pas celle de l’école.
Peut-on qualifier vos sujets de sujets
sombres?
Oui et non.
On voit souvent les choses plus sombre que moi je ne les perçois. Le sujet
principal que j’aime aborder est celui de la Condition Humaine. Ça implique une
réflexion sur les problèmes que l’on ne peut pas éviter (fragilité de l’être
humain, sexualité,…).
Estimez-vous que le résultat de votre
travail soit énigmatique ?
Je l’espère,
parce que j’essaye de faire des photos ‘in terra incognita’, c’est-à-dire que
j’essaie de conserver un noyau dur qui résiste à l’interprétation.
Présentation de l'artiste:
Biographie : Né à Charleroi en 1962, peintre de formation,
Patrick Everaert est un plasticien belge qui travaille depuis presque 25 ans à
produire des images singulières. En effet, il fait des études artistiques à Saint Luc, à Tournai. Ensuite il fait des
études de peinture puis il lui faut 4 ans pour ‘désapprendre’ ce qui lui a été
enseigné, c’est à ce moment que Patrick estime avoir commencé à travailler. Il
décide ensuite de s'exprimer via un autre support. Un support entre la photo et
la peinture qui mêle étrangeté et mystère.
Patrick Everaert n'est
pas un photographe et il le revendique.
Son inspiration : Son
travail est nourrit par ses références littéraires.
Jonathan Swift, Laurence
Sterne, James Joyce ou même Voltaire sont ou furent de fabuleuses sources
d’inspiration pour l’artiste mais la plus importantes d’entre elles est sans
doute James Joyce. D’après l’artiste il aurait été le « socle »
de ce qu'il fait aujourd'hui. Le travail de James Joyce constitue en
l’assemblage de mots pour en créer de nouveaux, procédé qui est le point de
départ à la création pour Patrick Everaert.
La plupart de ses expo se
sont déroulées en France : à la Galerie Aline Vidal et Villa Arson (15fois)
et en Belgique à la galerie Meessen De Clercq ou
encore chez Nadja Vilenne (11fois),les artistes avec lesquels il a
exposé le plus sont Benoit Platéus (5fois), Tatiana Trouvé (5fois),Wim Delvoye (4fois), Michel François(4fois) et Guillaume Bijl(4fois).
Forme : L’artiste décrit le media qu’il utilise
comme suit : un « espèce de media que je me suis fabriqué et qui est
entre la photo et la peinture et qui se nourri de plein d’autres choses ». Où
trouve-t-il toutes ces images ? Depuis plus de 20 ans, il récolte, compile
et collectionne des images qu’il trouve dans des magazines, dans des
livres,…qui un jour ou l’autre, serviront de support à sa création. Patrick
Everaert fait tirer ses oeuvres sur de grands formats chez un tireur
particulier duquel il est plutôt proche.
Fond : Patrick utilise des illustrations
purement factuelles qui n’ont pas de vocation artistique à la base, « Je les
enlève de leur contexte », dit-il, « je fragilise le sens qu’elles peuvent
produire, les amenant à un point d’équilibre d’où elles peuvent basculer dans
un sens ou un autre ». Il se dépeint même comme un ruminant. L’artiste
refuse de donner un sens unique à ses œuvres,l'absence de titre sur ses œuvres
s'ajoute à ce désir de laisser vagabonder l'imaginaire. Ces images tout à fait
singulières sont vecteurs de distance, ce qui oblige à penser autrement la
question du voir. Il n’y a pas de spectaculaire, ni d'effet visuel gratuit
pourtant lorsque le spectateur se retrouve face à l’œuvre il éprouve un
sentiment d’incompréhension, il perd pied face à une scène incompréhensible (il
ne faut pas se méprendre, il n’est pas pour autant question de «trahison
d’images»).
Ce qu’on en pense : Nous avons constaté que nos interprétations
individuelles face à l’œuvre étaient fort différentes. Au vu de cette divergence
d’interprétations nous en concluons qu’aucun avis ne peut être émit car chacun
a sa façon de penser et de se représenter les choses et donc d’interpréter les
œuvres de Patrick Everaert.
CCA,CCD :
CCA+ : l’impression
première est l’appréhension d’un travail complexe, peut-être même trop
complexe, coupant court à la libre interprétation de chacun.
Il n’est pas connu du
grand publique, il est nationalement et plus précisément provinciallement connu pour son rôle de Bourgmestre Adjoint (à
Charlerois).
Il n’est pas médiatisé,
il ne doit pas son ascension à des scandales quelconques, son enjeu est de
faire réfléchir à la condition humaine et d’aborder des sujets rebutants et
tabous. Son but n’est pas d’imposer son style, bien au contraire il souhaite
laisser une liberté d’interprétation. Patrick Everaert n’est pas connu des
hypermédias et les références le concernant sont extrêmement difficiles à
trouver. Il est reconnu par ses pairs, des spécialistes donc, en effet il est
exposé dans les galeries et travaille en collaboration avec des artistes
pointus.
CCD- : L’artiste est
très peu visible pour le grand publique et n’apparaît dans aucun mass média.
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