« Ouais,
mais de toute façon vous faites rien en arts d’ex, vous » dixit la plupart
des étudiants en option latin ou sciences fortes. Cette phrase là, je l’ai
entendue plus d’une fois au cours de ces six dernières années. Je me souviens y
avoir répondu en 2ème secondaire par « Oui tu as raison, on
fait du théâtre et c’est trop cool ». Mon opinion a radicalement changé
ces derniers temps et je ne me suis pas gênée de répondre aux étudiants
« anti-art » qu’ils avaient tord. Certes, ces six années ont commencé
par du théâtre, mais le parcours a été varié et j’ai vite compris que l’art
d’expression ne se résumait pas à l’art théâtral.
Cette année se caractérise
par la découverte de l’art contemporain. C’est cette année que j’ai pu
constater l’évolution artistique et humaine que j’ai faite.
L’art
contemporain, qu’est-ce que c’est ? A quoi ça sert ? C’est ce genre
de question que je me suis posée les deux premiers mois de cette année. J’ai
assisté à plusieurs expositions d’artistes. Je me souviens avoir été face à
certaines œuvres, ne pas comprendre ce qui était illustré devant moi, et me
dire que, de toute façon, l’art contemporain ne s’explique pas.
Après réflexion, je pense que
je n’avais pas tout à fait tord. La différence aujourd’hui, c’est que j’essaye
au moins de comprendre. Je m’intéresse à des œuvres et des artistes qui
m’auraient effrayé l’année passée. Le programme de cette année nous a demandé
beaucoup d’investissement personnel, beaucoup de visites, mais je pense en
ressortir plus mature et presque nostalgique. Cette année, j’ai été marquée par
deux évènements.
Tout
d’abord, lors d’une de nos nombreuses expositions chez Flux, Lino nous avait
proposé de manger quelques poires de son jardin. Nous avions alors déposé les
trognons dans une assiette posée sur une table. A ce moment là, Louis (un élève
de ma classe) a eu la folle idée de baptiser cette assiette d’’œuvre d’art’’.
Sur le coup, nous avions beaucoup ri, mais nous avions surtout fait le rapport
entre la machine à caca de Wim Delvoye et les trognons de poire de Louis. Quelle
était la différence ? Pourquoi Wim pouvait mettre ses excréments en boite
et déclarer cela de l’art, et pas nous ? Certes, ça partait d’une
plaisanterie entre amis, mais je garderai ce souvenir en tête comme un jour où
nous avons réellement fait une œuvre qui dénonçait le système de légitimation
des œuvres.
Ensuite,
j’appréhendais le moment où j’allais devoir interviewer un artiste. Je ne
savais pas comment me préparer, j’avais peur de sa réaction et de son
comportement vis-à-vis de moi, une personne « normale ». Cette
rencontre a finalement eu lieu, et j’ai eu la chance de rencontrer Pol Pierart
avec mon amie Oriane. Pol est un artiste belge qui fait principalement de
l’Arte Povera. Accueillies dans son atelier, Oriane et moi avons passé une excellente
partie d’après-midi en sa compagnie. Nous avons agis entant qu’adultes
responsables et avons été très professionnelles. Durant l’interview, nous
avions remarqué que Pol était plutôt timide et réservé, c’est pour cela que
nous avions hésité à lui demander de faire quelques photos avec nous pour
clôturer notre rencontre. Mais nous lui avons demandé et il a accepté. Il a
posé avec nous tout en nous racontant des anecdotes, il nous a dit qu’il était
très content de nous avoir rencontré et qu’il serait très heureux de recevoir
l’interview que nous avons réalisée.
Pour
finir, ce moment restera gravé dans ma mémoire car c’est à ce moment là que
j’ai compris que les artistes n’étaient pas tous snob et n’avaient pas tous un
égo surdimensionné. Pol est quelqu’un de foncièrement gentil et je suis
heureuse d’avoir fini mon année sur un point aussi positif. Mes années de
secondaires étant finies, je peux assurer avec certitude que je ne tirerai pas
un trait sur ce que j’ai appris tout au long de cette année. C’est un nouveau
départ pour moi, mais « l’art contemporain, une fois qu’on y goute, on ne
sait plus s’en passer ».
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