Examen d’art
d’expression: Juin 2014.
Interview de
David Pirotte.
1. Comment
avez-vous commencez dans l’art ?
Je suis arrivé à Saint-Luc en 3ème
humanité, je ne savais pas encore si
j’allais me diriger vers la peinture, l’art, ou la bande dessinée etc. je
n’avais pas encore une idée bien précise, tout ce que je savais c’était que je
faisais du dessin, j’étais donc dans mon élément. Quand j’ai décidé de faire de la peinture
c’était en 1984, je m’intéressais beaucoup au rock, au punk- rock et beaucoup
de pochettes de disques, d’affiches de concerts etc. avaient une facture un peu
néo-expressionniste comme ça, c’était très graphique je trouvais ça vraiment
bien et je me suis que tiens ce serai peut être bien d’aller dans cette voie.
Je me suis tout de suite dirigé là dedans quand j’ai commencé la peinture,
j’allais voir des expos, j’empruntait pas mal de bouquins à Saint-Luc donc là
j’ai commencé vraiment à puiser toute mon inspiration à travers les
expressionnistes des années du début de siècle en Allemagne etc. ceux qui ont
du foutre le camp quand les nazis sont arrivés au pouvoir, vu qu’ils
critiquaient fort le système politique. Donc je suis toute suite allée dans
cette veine là, et puis vers mes 21 ans j’ai fais ma première exposition.
J’étais fort ami avec deux artistes, on peignait un peu tout les trois dans la
même veine, donc on avait fais notre première expo à coté du pot-au-lait, ils
avaient ouvert une petite galerie là-bas, c’était vraiment petit on avait
seulement quelques toiles chacun. Un an c’est écoulé, à partir de ce moment la
j’ai commencé à beaucoup travaillé en dehors de l’école, je peignait pas mal et
encore un an ou deux après j’ai refais une exposition avec un copain. On
récupérait du matériel que Saint-Luc jetait, des surplus qu’ils mettaient sur
la rue et nous on récupérait tout ça, on achetait des pots de couleurs
industrielles et là, on a découvert les grands formats, les tableaux de deux
mètres sur deux, là on s’est éclaté. On n’avait pas envie d’attendre d’arriver
en peinture pour travailler sur grand format etc.
Notre première grande expo
c’était au « creham », et là je suis allé trouvé le « creham »
car il voulait ouvrir un espace pour les jeunes artistes et donc on exposait
tout les deux, avec mon ami là-bas. On a quand même passé pas mal d’années à
peindre ensemble, à exposer en simultané et puis il a fait sa vie et moi la
mienne.
Donc moi après je me suis dis,
bon qu’est ce que je fais, je continue à Saint-Luc ou je vais à l’Académie, car
à l’Académie ils sont quand même beaucoup plus expressionnistes qu’à Saint-Luc,
où ils sont plus « léchés » , plus retenus.
Une amie d’Anvers me parle d’un
peintre pas mal qui devrait me plaire : Fred Bervoets. Nous allons alors
au musé et elle me le montre, et là ça a été un flash terrible, c’était très
expressionniste mais on sentait qu’il y avait énormément de technique derrière,
que moi je n’avais pas encore à l’époque, ce que je faisais était très sauvage.
C’est pour cela que j’ai continué la peinture à Saint-Luc pour apprendre une
vraie technique et avoir des bases solides dont j’avais besoin pour faire ce
genre de peinture.
J’ai donc continué mes trois ans
de peinture à Saint-Luc. J’ai alors fais ma première grosse exposition à
Maastricht, c’était la première fois que j’exposais dans une galerie d’art
professionnelle et puis alors j’ai été exposé au Etats-Unis, à New-York où j’y
ai laissé une dizaine de toiles pour un contrats d’un an. Après ça j’ai
continué à beaucoup exposer à Liège mais aussi fin des années 90 en Allemagne,
à Bruxelles, en France et à Anvers plusieurs fois
dans le cadre d’expo collective
etc. Et là maintenant depuis quelques années j’en reviens à une peintre plus
figurative, moins expressionniste, car à un moment donné je me suis retrouvé
dans un cas du sac, c’est à dire que j’improvisais, je travaillais beaucoup
avec l’imagination et puis alors tu te rend compte que tu travaille à chaque
fois avec la même image, tu calle un peu quoi.
Il y a vraiment deux peintres
qui m’ont quand même « influencé » je vais dire c’est Luc Tuymans et
Michaël Borremans qui travaillent vraiment un peintre très figurative, mais pas
figurative dans le sens classique du terme mais avec des thèmes
contemporains. Alors moi j’ai repensé ma
peinture vers vraiment quelque chose de figuratif, remodeler au niveau
technique et ça m’a laissé entrevoir de nouveaux horizons et à ce moment là
j’ai vraiment commencé à extérioriser ce que j’avais en moi. Donc j’ai vraiment
évolué ces trois-quatre dernières années. Je me suis obligé à aborder des
choses que je n’aurai jamais envisagées en temps normal, comme des paysages,
mais pas de paysages « cul-cul », des usines etc. Je vais me prouver
que je suis capable de tout aborder, tous les thèmes. J’ai également travaillé
avec des films, étant donné que j’adore le cinéma, dès que je vois un plan
intéressant et significatif, je prends une photo et j’en fais une peinture.
Donc mon travail est toujours lié soit à ce que je vois, ce que je lis aussi
comme je lis aussi beaucoup ou alors au quotidien des choses passées ou des
sujets actuels. J’arrive vraiment à tout dire maintenant. Donc voilà où j’en
suis aujourd’hui, je travaille avec une galerie de Bruxelles depuis à peu près
un an, il y a aussi mon livres qui est sortis cette année qui reprend vraiment
toute ma vie et mon travail depuis 27 ans, il y en avait déjà un précédent qui
est sorti il y a plus ou moins 7 ans.
2. Y’a-t-il un
message particulier que vous voulez faire passer à travers vos œuvres ?
Il y a toujours un message, je
ne peux peindre que quelque chose qui m’ai interpellé au départ, c’est vrai que
c’est un peu thérapeutique par moment. Il y a des choses qui m’obsèdent
tellement, en fait je suis toujours obsédé ou passionné par une chose ou
l’autre de toute façon. Il a des thèmes que je choisis car moi ils m’ont
interloqué au départ. Quand je suis obsédé par une image, un document ou un
fait divers je le peins, j’en fais une toile. Et toute la magie vient de là,
c’est quand le thème est vécu de l’intérieur, il n’y a que comme ça que tu peux
lui donner une certaine dimension, une certaine puissance. Il y a même des
choses qui m’ont empêché de dormir. Une fois que je les ai peins, ça va je
m’acquitte de la chose, ça ne m’appartient plus à la limite. Je me suis rendu compte aussi qu’il y a des
choses qui apparaissent plus clairement avec l’âge évidemment, la pratique
aussi. Maintenant j’assume pleinement qui je suis, mon coté atypique etc. moi
je ne triche pas c’est des choses liées de près à ma vie. Ca peut très bien
être des évènements heureux comme malheureux, ma vie n’a pas été ponctuée que
de moments extatiques, j’ai vécu des choses extrêmement fortes, pendant tout un
tout j’ai vécu à travers des drogues etc. donc voilà j’ai eu des moments comme
ça, ce sont des événements que je ne peux pas renier donc oui ça a inspirer mon
travail. Par exemple je venais de me réveiller d’une overdose à l’hôpital j’ai
peins ka première chose que j’ai vue en me réveillant, j’ai peins mon réveil.
Ca peut aussi être ma copine, mon fils, mes amis, des gens que je connais de
près ou non. Quand j’ai une idée pour un tableau, par exemple ici j’ai fais un
tableau qui représente le mythe d’oedipe là ce n’étais pas un document, j’avais
plus ou moins l’idée en tête et j’ai fais poser mon fils, je crée une mise en
scène quand j’ai besoin d’une position pour un tableau, ou je me prend en photo
quand j’ai besoin d’une attitude ou autre.
Ici par exemple, j’ai commencé
un projet qui est de reprendre des grandes statues dans les parcs public etc.
mais de choses que l’on ne verrait jamais par exemple je vais faire Andreas
Baader, cinq mètres sur quatre d’un terroriste dans un parc publique, jamais on
ne penserai à ça ou encore Charles Manson avec une fontaine à coté. Vraiment
des statues de gens que l’on ne verrait jamais ! Antonin Artaud, poète
fou, génial qui pose problème quoi. Et situer ces statues par exemple à Paris,
à coté de la tour Eiffeil. Je m’intéresse vraiment à ce qui est atypique, moi je pense que la plus grande magie vient
de ce qui dépasse le politiquement correcte. Si c’est pour faire des choses
ordinaires ça ne sert à rien, et même un thème qui parait anodin il faut qu’il
ai un coté étrange, magique ou inquiétant, il faut se servir de ce qu’on a de
plus atypique en sois. Si il n’y a plus de mystère dans l’art pour moi c’est
fini il n’y a plus d’art.
La richesse pour moi de l’art
contemporain c’est que ça va dans tout les sens, il a de la photo, des
installations à tous les niveaux. Il y aussi bien des gens comme Jeff Koons qui
fait des lapins géants gonflables ou encore des gens comme Michael Borremans
qui peignent avec la technique des anciens ou des gens comme David Nebreda qui
se mettent en scène. Donc ça va dans tout les sens et c’est plutôt rassurant
c’est-à-dire qu’il n’y a pas qu’un courant comme à l’époque, il y vraiment une
évolution, il y a une place pour tout les styles. A partir du moment où le
travail est de qualité je ne vois pas ou est le problème.
3. J’ai pu
remarqué en regardant votre travail, que toutes vos peintures avaient un peu le
même style avec des thèmes différents. Vous avez tendance à faire de long tracé
de couleurs comme ça par dessus vos peintures, d’où est-ce que ça vient ?
Ah oui, ça il y a des lignes
comme ça car j’aime vraiment mélanger le coté statique et le coté en mouvement,
j’ai remarqué que quand on regarde la vie, la nature il y a toujours un
contraste avec des formes statiques et des formes en mouvement, il y a toujours
une architecture abstraire. C’est ça que j’ai voulu crée c’est à dire un monde
en mouvement suivi d’un monde statique, en fait c’est des éléments qui existent
dans la réalité. J’ai un œil bien aiguisé c’est à dire que je choisis toujours
un plan que je peux reconvertir en peinture à ma manière, qui m’attire avec sa
géométrie sa composition etc. Ca fait maintenant un an ou deux que je peins
comme ça, je commence par un fond abstrait, je définis mon fond, je le découpe et puis je fais intervenir des éléments
figuratifs et je reviens par dessus aussi. Je me suis dis allez, osons des
trucs que les autres n’osent pas faire, c’est ça qu’il faut faire aussi !
Par exemple j’avais fais une série de portrait de moi qui sortait de la cage il
a des années et je transpirait énormément et il y en a que j’ai barré comme ça,
un peu pour anéantir une chose que tu ne veux plus vivre, c’était ça l’idée.
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