Erwin Wurm :
par Manon Thibaud
Erwin wurm est né en 1954 en Autriche. Après des études d’histoire de l’art, des langues et de littérature germanique, il peaufine sa connaissance théorique de l’art et l’applique au sein de l’école d’art appliqué de Vienne, dans les années 1980.
Ses études brillantes l’engagent à devenir professeur de sculpture aux beaux arts de Paris et qu’il poursuivra à l’université de design industriel et artistique de Linz. Il sera ensuite commissaire de nombreuses expositions.
Il a suivi un enseignement encore très marqué, au milieu des années 70, par l’art conceptuel et minimal. Ses premiers travaux s’inscrivent dans cette filiation. Son œuvre s’inscrit également dans la lignée du courant de pensée Fluxus, dans le sens ou tout est art. Il invite à rechercher l’art dans le mouvement de la vie. Il cherche donc la plus grande liberté d’esprit artistique, notamment par l’utilisation de l’humour.
En effet, Erwin wurm, à travers ses œuvres, à une capacité à faire rire son public. Rire qui amène à des réflexions plus profondes. Il donne une place et une valeur à l’échec, à ce qu’on rejette ou que l’on cache d’habitude : le ridicule, l’échec. (Ses « sculptures d’embarras », en 2007 consistent par exemple, à inviter son public à écrire un moment gênant de sa vie sur un grand mur conçut à cet effet). Le jeu, à ses yeux, a un pouvoir de subversion. L’humour et le jeu présent dans les œuvres de cet artiste permettent de soulever beaucoup de question, sur la condition humaine, par exemple.
Il mène différentes réflexions :
Tout d’abord, son travail est un exercice de réappropriation libre de la notion de sculpture, il donne une redéfinition personnelle et contemporaine de cet art. Il se questionne sur la notion même de la sculpture en se demandant « quand, dans le temps et l’espace, commence une sculpture ? ». Il abandonne par exemple l’idée de durée et d’infini en transformant l’œuvre un niveau du présent immédiat. Ainsi naissent en 1997 les « one minute sculptures » ou le spectateur est invité à tenir la pose à l’aide d’objets pendant une minute. Voir : « Série taipei, outdoor sculpture » (ils sont 2) et « Série philosophy, digestion »
Des actions humaines des plus banales sont décalées un bref instant et chacune de ces sculpture est conservée sous forme de photographies ou vidéo. «Série taipei 2000 » (couché)
Acteur de l’exposition, le spectateur y est lui-même mis à contribution, cette tendance évoque le fait qu’art et vie se rejoignent. Le corps du volontaire devient ainsi le matériel de sculpture humoristique et éphémère. Ses « one minute sculpture » évoque donc deux tendances essentielles dans l’art : la relation aux objets, ready-made et la relation aux corps, les performances.
Erwin Wurm s’interroge également sur la société de consommation. Son travail est lié au constat que malgré des apparences de démocratie, nous vivons sous une forme de dictature économique de plus en plus forte. Il scrute le monde qui l’entoure et certaines pièces en ressortent déformées. Il transporte des spécificités humaines à des objets, le fait, par exemple, de pouvoir grossir ou maigrir à souhait. Ce travail joue avec l’expression qui veut que grosse voiture signifie voiture de riche. «Fat Porsche », «Fat house» et «The Burden of Desperation, 2006 ».
En renversant le monde des objets et des humains la question de la société actuelle qui est posée, notamment de ce dont l’homme s’entoure. Les objets détournés du quotidien et de leur usage d’origine perturbent nos repères. « Hotelrooms » + « Truck » + «Venezianischer Barock »
L’art traite pour lui de la difficulté à faire face à la vie, que ce soit par des moyens philosophiques ou par des régimes alimentaires. « The artist begging for mercy, 2002» et « Freud’s rectification ».
Erwin wurm fait sans conteste partie des grands artistes internationaux d’art contemporain car il y investiguent des champs nouveaux de création. Il fait preuve d’une liberté totale dans le choix de matériaux, d’objets différents provenant de notre quotidien pour créer ses œuvres qui poussent une profonde réflexion sur différents thèmes actuels, comme la condition humaine, la société et l’échec. Il sculpte l’espace et le temps tout en transfigurant le quotidien jusqu'à ses limites les plus incongrues.
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